Toute réforme est une rupture entre l’existant et un futur prometteur. L’être humain, par nature, éprouve une appréhension face au changement, souvent considérée comme une angoisse existentielle. Cette peur peut émaner de la volonté de préserver des acquis qui apportent confort ou de la résistance à abandonner des privilèges personnels, parfois au détriment de l’intérêt général.
Pourtant, ce n’est que par réflexion, rationalité et souvent par expérience que les gens comprennent que le changement induit par une réforme peut constituer une véritable source de progrès.
La mise en œuvre du régime d’assurance maladie universelle (RAMU), qui n’est pas l’exclusive de notre pays, s’inscrit effectivement dans une dynamique de rupture. Elle vise à transformer un système social devenu obsolète en un futur où la prise en charge du risque maladie représente une avancée majeure, fondée sur la contribution collective et l’élan de solidarité, sinon de justice sociale face à la maladie.
La Caisse d’assurance maladie universelle (CAMU), en tant qu’organe de gestion du RAMU, engendre indéniablement une évolution dans les pratiques d’accès aux soins de santé et dans les prestations qui en découlent. Sa mise en place qui est le fruit d’une démarche prudente et progressive, a été nourrie de plus d’une dizaine d’années de réflexions, de recherches et d’analyses comparatives, permettant de déterminer les conditions optimales pour son lancement.
En faisant un peu plus chaque jour, sous l’impulsion du Gouvernement de la République, des initiatives telles que des campagnes de sensibilisation, des ateliers et des séminaires ont permis de rassembler toutes les parties prenantes : employeurs, travailleurs salariés et indépendants, titulaires de pensions et diverses associations. Ces efforts ont contribué à éclairer le public sur l’importance sociale du régime et à faciliter l’assimilation d’un dispositif aussi novateur que l’assurance maladie universelle.
Bien que le processus d’accompagnement soit encore en cours, il est essentiel d’avancer, car la cohésion nationale est primordiale. Il est inacceptable que certaines couches de notre population soient laissées de côté en matière de soins de santé en raison de barrières financières. La sécurité sociale a pour vocation de répondre justement à ce besoin fondamental en mutualisant les ressources et les risques.
Ainsi, au sein du conseil d’administration de la CAMU, l’intégration de représentants du patronat, des syndicats de travailleurs et des ordres professionnels vise à renforcer l’implication de toutes les parties prenantes. Cette approche collaborative est cruciale pour le succès de cette réforme, car elle garantit que chaque voix soit entendue et que les décisions prises répondent aux besoins de la population dans son ensemble.
L’avenir de la CAMU, et par conséquent celui de la santé publique dans notre pays, repose sur notre capacité collective à accueillir ce changement fondamental. Nous devons unir nos efforts pour établir un système de soins de santé qui soit à la fois équitable, résilient et accessible à tous.
Cette conviction est, sans conteste, renforcée par la déclaration du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence, Denis SASSOU N’GUESSO, dans son message devant le Parlement réuni en Congrès le 28 novembre 2024 : « …Aujourd’hui, avec l’installation de ses organes de gouvernance, la couverture santé à travers la Caisse d’assurance maladie universelle est à notre portée. 2025 est à jamais l’année ultime pour le lancement de l’assurance maladie universelle dans notre pays. »
Brazzaville, le 10 décembre 2024
Félix MOUKO
Directeur Général